J’aurai bientôt 42 ans, et aussi loin que je me souvienne…
La violence débute par une simple parole, vous savez, celle qui est subtile mais, qui remet en doute la tienne. Rien à voir avec des mots productifs qui déboulent d’une discussion d’élévation de la conscience. Non, non… Celle qui étouffe, humilie, brouille ta pensée, ton cœur. Cette parole que nous pardonnons par compréhension et sensibilité, celle qui au bout d’un moment, commence à t’envahir l’âme, l’estime de toi-même.
Bien évidemment, tout le monde connait des périodes difficiles. Alors sans trop s’en rendre compte la petite parole subtile devient une période difficile, la période difficile devient une vague, la vague devient une tempête et la tempête devient un ouragan sans fin. Tu te réveilles, un matin, perdu dans un brouillard, tu te regardes dans le miroir et tu ne te reconnais plus. Qui es-tu? Tu ne le sais plus…tu baisses les yeux et tu regardes ton ventre arrondi de vie, ce que tu ressens est très contradictoire. Tu te sens coupable de ressentir de la tristesse. Tu gardes espoir que des jours plus heureux arriveront avec ce petit être. Que tu te retrouveras, que tu te reconnaitras…
Ce que tu ne réalises pas, c’est que tu n’as aucun pouvoir sur l’autre. Que l’autre a trouvé un moyen très libérateur de survivre à sa souffrance, son moyen c’est toi. Toi qui est prête à tout pour que l’ouragan redevienne une tempête, la tempête une vague et la vague une période difficile. Alors tu deviens l’impératrice de la paix, du compromis perdant, jusqu’à perdre la voix, éteindre ta personnalité.
Malgré tout, tu continues avec la seule petite lueur de ton cœur. Tu acceptes l’inacceptable au nom de la lueur, au nom de ton enfant, au nom de tes peurs. Parce que plus que tu t’éteins, plus tu perds ta force, tes moyens, ta lucidité, ton énergie. Tu te réveilles encore, sans avoir eu la notion du temps qui a passé. Tu te regardes dans le miroir sans te regarder, tu regardes tes 2 enfants… l’ouragan est toujours un ouragan. Tu te sens en chute libre vers les ténèbres de la froideur, de la rigidité, du silence, de la solitude, de la peur. Tu cherches une porte, vite une porte, tu cries à l’aide non tu chuchotes…
Et un matin, tu ramasses les miettes de forces qu’il te reste et par la lueur laissée allumée pour tes enfants, tu ouvres une porte, la porte de ta liberté. C’est comme un tunnel vide mais invitant. La chute libre pour te ramener à la vie.
Il y a 5 ans, j’ai fait le grand saut. Le saut de l’ange vers la vie, pour mes enfants. Je dis pour mes enfants, car en tout sincérité, à ce moment-là, je vivais ou plutôt je survivais que pour eux. L’ouragan avait nettoyé de moi tout ce qui se nommait estime de soi-même, amour propre, droit d’exister.
Heureusement, j’ai rattrapé des morceaux, rebâtit, reconstruit étape par étape mon identité, ma confiance, ma valeur, mon droit à la vie, mon pouvoir personnel.
La seule chose, c’est que même après avoir réussi à évacuer l’ouragan, même après avoir transformé l’ouragan en tempête, la tempête en vague et la vague en périodes difficiles, il reste 2 fils qui partent de mon cœur aux cœurs de mes enfants et de mes enfants à l’ouragan. Et, malgré mes efforts, les compromis avec cette personne restent des compromis perdants. Les discussions des monologues, les ententes des compromissions. Ce que je veux dire, c’est que même après tout ce temps, toute cette reprise de vie, je n’ai toujours aucun respect, aucune valeur, aucune considération aux yeux de cet homme. La violence ne s’est pas arrêtée au moment où j’ai ouvert la porte, elle se continue. Je ressens toujours cet ouragan dans mon cœur, je me sens comme Morgane la guerrière toujours armée de mes outils pour protéger et défendre ma dignité, mon cœur, mon âme, MOI!
5 ans, 2 mois et 10 jours plus tard je sens que j’ai réussi, je sais que je me transforme en mon MOI véritable. Je réalise que Morgane s’est endormie et a laissé place à la Vie. Pendant 5 ans 2 mois et 10 jours j’ai été accompagnée, aidée, outillée, réconfortée, comprise, acceptée par les petites fées de la maison Mirépi. Elles m’ont guidée pour découvrir mon potentiel, la personne que je suis réellement. Les maisons d’hébergement sont, non seulement une survie, mais aussi remettent en vie, accompagne la renaissance et tiennent la main durant la transformation. Comment imaginer mon voyage sans cette aide, je ne sais pas!!! Sincèrement, sans leurs ailes, je ne sais pas. Je suis une meilleure personne, une meilleure maman, une meilleure amie pour moi-même ici et maintenant. Gratitude infinie à toutes les petites fées de la maison Mirépi.
Avec le cœur rempli d’amour, de gratitude,
Karine