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Pourquoi elles restent ? Pourquoi elles retournent ?

On entend souvent les gens poser ces questions. Plusieurs facteurs influencent la décision de rester ou de retourner.  Voici un bref survol des arguments les plus répandus. 

La Socialisation
Vous connaissez?  C’est ce qui fait que l’on donne une poupée à une petite fille, un camion à un jeune garçon.  C’est ce qui nous campe dans des rôles, masculins ou féminins, des petites cases où l’on se sent parfois coincé(e)s.

Évidemment ce n’est pas parce qu’une femme a vécu dans une chambre rose plutôt que bleue que sa vie va en être transformée, ça va plus loin que cela, c’est subtil mais bien présent.  On donne souvent à la petite fille le rôle de gentille qui va aider tout le monde, et bien souvent aussi le rôle de «  Mère Theresa » va lui coller à la peau. Avez-vous remarqué que les professions  en relation d’aide (psychologues, infirmières, préposées aux bénéficiaires, et maintenant médecins) sont principalement occupées par des femmes?  Nous sommes douées pour cela?  Oui, bien sûr, mais la socialisation y est pour beaucoup. Si l’on trouve normal qu’un homme se préoccupe en premier lieu de sa carrière, on le voit encore aujourd’hui, d’un mauvais œil pour une femme. Il est convenu en société qu’une femme pense en premier à ses enfants, ses parents, ses frères et sœurs, bref au reste du monde avant de penser à ses propres intérêts et ambitions.   Alors quand une femme veut se sortir de la violence conjugale, elle regardera en premier qui pourrait être affecté si elle quittait le foyer. Elle fera passer les intérêts de tous, même ceux de son bourreau avant les siens.

Le cycle de la violence
« On ne peut pas quitter un piège tant qu’on ne sait, qu’on y est tombé. »

Tout d’abord la femme doit reconnaître qu’elle vit de la violence.  Vous pensez que c’est évident? Mais non, justement. N’oublions pas que la première violence exercée habituellement est la violence psychologique.  Le conjoint violent va miner la confiance en soi de la femme, créer de la confusion et reporter sur elle la responsabilité du climat de tension.  La femme peut facilement croire que c’est sa faute à elle.  Elle peut perdre beaucoup de temps à essayer de changer son  comportement et essayer de s’adapter avant de comprendre qu’elle n’est pas la cause du problème.  Même après l’avoir quitté, le conjoint va tout faire pour garder l’emprise et continuer sa manipulation. Il va lui promettre mer et monde…. et de changer  pour la faire revenir.

L’amour
Lorsque la relation a débuté, le conjoint était séducteur, charmant, c’est de cet homme que la femme est amoureuse. Elle a toujours espoir de le retrouver. D’ailleurs c’est sous ce beau jour que le conjoint revient durant la lune de miel et tant que la femme ne connaît pas le cycle de la violence, elle croit qu’un jour la lune de miel restera pour toujours.

L’engagement social ou religieux
« Jusqu’à ce que la mort vous sépare.»  « Pour le meilleur et pour le pire. »

Ce sont des phrases que l’on entend encore de nos jours et pour bien des femmes ces paroles sont encrées en elles.  Par  fidélité, elles se croiront obligées de rester.  Elles ne veulent pas renier leur parole. Le conjoint violent va jouer sur cette corde sensible en culpabilisant la femme qui veut partir.

Les enfants
La femme victime de violence conjugale fera passer les besoins de chaque membre de la famille avant les siens, alors elle se privera de quitter afin d’assurer un foyer stable à ses enfants. L’idée même de les emmener en hébergement est inconcevable pour elle. De leur côté, les enfants préfèrent assez souvent rester à la maison de peur de perdre leurs jouets, leurs amis, de changer d’école etc. La mère ne voudra pas les contrarier sans savoir ce qu’elle peut offrir comme vie après la séparation. De plus, le conjoint menacera la femme de la déclarer à la Direction de la protection de la jeunesse si elle part avec les enfants. La peur de perdre la garde de ses enfants est souvent brandit pour paralyser la mère.

La peur  (du conjoint/de ne pas réussir/de l’inconnu/de la solitude)
« L’humain va préférer aller vers l’inconfort connu plutôt que le confort inconnu. »

Qu’y-a-t-il de plus paralysant que la peur? La peur, lorsqu’on est convaincu qu’on ne peut pas s’en sortir.

La femme victime de violence conjugale perd ses moyens à force d’être critiquée, jugée, accusée de tous les maux. Comme elle doute d’elle-même, il sera difficile pour elle de se lancer dans l’inconnu et le conjoint lui répétera qu’elle ne peut rien réussir sans lui. Il est très  difficile pour elle d’imaginer de recommencer sa vie à zéro et d’assumer toutes les responsabilités que cela implique. Elle sera habitée par la peur des conséquences de son départ. Si son conjoint la retrouvait, la frappait, brisait tout dans la maison, s’en prenait au chien, au chat, s’enlevait la vie… Elle imagine les pires scénarios, et malheureusement, elle peut avoir raison.  Il y a aussi la peur de l’hébergement, ce n’est pas évident de vivre en communauté avec des étrangères, sans connaître les règles de la maison.  De plus, quand il faut amener les enfants avec soi, la femme a peur de ne pouvoir combler leurs besoins, de perdre leur amour et qu’ils lui reprochent d’être partie de la maison.

La sécurité financière
En s’unissant avec son conjoint, la femme contracte souvent des emprunts avec lui pour la maison, l’auto etc.  En se séparant, elle doit négocier pour garder ses acquis, ce qui n’est pas facile, surtout avec un conjoint manipulateur et violent. Il utilisera la sécurité financière pour atteindre sa conjointe ou la forcer à revenir. En quittant, le budget est à revoir et bien des dépenses seront encourues pour repartir à zéro. La femme se demande si tout cela en vaut la peine.

Et pour bien d’autres raisons personnelles
Bien d’autres raisons personnelles peuvent faire que la femme va préférer rester.  De puissants liens la relient à cette relation.  Comme on le voit, il n’est jamais simple de quitter une relation qu’elle soit violente ou non….on peut affirmer que les femmes qui le font possèdent un courage extraordinaire.

 

On entend souvent que…     Mais la réalité c’est…